Cyberaddiction chez les ados

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Les adolescents ont grandi dans leur foyer, leur scolarité, leurs jeux, leurs amitiés, leurs relations amoureuses en même temps que le déploiement numérique. Ce sont des êtres multi-connectés qui ont accès à des informations pointues sur une infinité de sujets. Les apprentissages sont accessibles à tous en un clic, les notions de distance et de temps ont changé, tout est rapide, accessible. Plus rien n’est trop loin, trop long, trop compliqué, impossible. C’est dans ce monde là que vivent et grandissent les adolescents d’aujourd’hui.

Mais sans accompagnement, ce nouveau monde a son revers: manque de limites, de repères, des dangers, de la violence. Le rôle des parents est très important pour poser les bonnes limites qui vont ancrer les jeunes dans la réalité. Pour les aider aussi à être autonome face aux technologies dévorantes et addictives.

Comment détecter une addiction aux écrans (téléphone, ordinateur, jeux vidéo) chez l’ado ?

L’adolescent, baignant dans un quotidien numérique, manque souvent de recul pour prendre lui-même conscience de sa cyberdépendance.

Ce sont plutôt, en général, ses parents qui vont constater son changement de comportement, des résultats scolaires inquiétants ou négociés en échange de temps de connexion, et qui vont les faire alors s’interroger sur la part de responsabilité des écrans quant au mal-être de leur enfant.

Quelles sont les manifestations d’une addiction aux écrans chez l’ado ?

Un adolescent dépendant aux écrans y consacre un temps hors-travail qui a de quoi alerter son entourage (plus de 4h par jour).

  • S’il perd son téléphone ou n’y a pas accès, il va éprouver une grande frustration qui peut se manifester par de l’agressivité.
  • Dans toute activité ou voyage prévu, une question se pose en premier pour l’ado accro : « aurai-je accès à internet ? »
  • Si l’addiction est tournée vers les jeux vidéos, l’avatar de l’adolescent et sa vie virtuelle est plus importante à ses yeux que sa vie réelle. Loin des soucis du quotidien, l’adolescent voit ses résultats scolaires chuter sans s’en inquiéter. Il se replie progressivement sur lui et s’isole. On constatera aussi que l’adolescent ne vit plus en famille ou en bande d’amis mais essentiellement en réseau virtuel.
  • La dépendance aux écrans provoque souvent un sentiment de culpabilité pour l’adolescent qui va mentir et cacher le temps qu’il investit dans les écrans.

Quels sont les symptômes cliniques de la cyberaddiction ?

En général, l’adolescent souffrant de cyberaddiction présente plusieurs des symptômes suivants :

Symptômes comportementaux

  • Perte de contrôle, de repères du temps passé devant l’écran
  • Incapacité à se déconnecter
  • Déni du temps passé devant un écran si on lui fait remarquer le temps qu’il y consacre
  • Incapacité à respecter les interdictions ou limitations de temps d’écran imposées par les parents
  • Dissimulation, pratique des écrans en cachette
  • Agressivité, violence dans le comportement général face à une privation ou une limitation de temps d’écran
  • Menaces diverses faites aux parents de fuguer, arrêter l’école,… voire, parfois, se suicider si on le prive d’écran
  • Refus d’aller en cours pour rester chez soi et jouer devant un écran
  • Difficultés scolaires avec chute importante des résultats
  • Fascination pour les images violentes
  • Discours obsessionnel sur ses jeux vidéos, ses personnages de jeux et réseaux sociaux
  • Loin d’un écran, comportement exprimant un sentiment de vide, de déprime, de désorientation psychique
  • Problèmes relationnels et fuite des relations réelle : l’adolescent ne joue plus qu’en réseau ou communique essentiellement via les réseaux sociaux
  • Fuite des responsabilités
  • Difficultés de juste perception de la réalité et de ses limites
  • Désorientation de la pensée et du raisonnement
  • Dépenses financières incontrôlées liées à ses activités sur internet

Symptômes physiologiques

  • Troubles du sommeil
  • Fatigue chronique
  • Perte ou troubles de l’appétit (en particulier chez les filles)
  • Maux de tête et migraine chronique
  • Sécheresse des yeux
  • Maux de dos
  • Problèmes de concentration
  • Troubles de la mémoire
  • Anxiété
  • Angoisses
  • Forte excitabilité de la libido liée à la fréquentation de sites pornographiques

Quelles sont les conséquences à terme d’une addiction aux écrans chez l’ado ?

L’adolescent est un être à la maturité encore fragile, à la personnalité qui se construit. Il aura de sérieuses difficultés à devenir une personne autonome s’il est en situation de dépendance (cela vaut pour les écrans comme pour des substances ou des individus)

Conséquences sur la vie sociale :

L’isolement social et affectif de l’adolescent dépendant peut fréquemment engendrer des difficultés familiales et sociales. L’adolescent va manifester, par son comportement replié, un retrait de la vie de famille et un désinvestissement dans ses relations amicales.

Il va délaisser sa vie au collège, au lycée et souvent basculer dans l’échec scolaire.

Conséquences psychiques :

Certains adolescents accros aux écrans glissent, du fait de leur fatigue mentale, vers la sensation de dépersonnalisation, vers un mal-être chronique. Coupés de leur réalité familiale, sociale et scolaire, la dépression n’est pas très loin.

Chez les jeunes filles, il n’est pas rare de rencontrer aussi des troubles alimentaires tels que l’anorexie dus à un sentiment d’infériorité face aux modèles scrutées en permanence sur internet, complexes d’autant plus vivement ressentis dans une période de disgrâce de l’adolescence.

Conséquences sur la santé :

On rencontre chez les adolescents dépendants des pathologies telles que le dérèglement du sommeil, des troubles de la concentration, des pathologies oculaires ainsi que des problèmes dorsaux dus aux mauvaises postures du corps devant les écrans. Les risques de sensation de dépersonnalisation et de bouffées délirantes ne sont pas à exclure.

Comment traiter la cyberaddiction chez l’ado ?

Concernant les adolescents, le terme d’addiction, de dépendance n’est pas forcement le plus approprié. Il est plus juste de parler de mauvaise position ou de comportements néfastes face aux écrans. Car la bonne nouvelle est que, efficacement prise en charge, la dépendance est rapidement réversible.

Quelle thérapie pour sortir de la cyberaddiction ?

Une thérapie de traitement de l’addiction aux écrans passe en général par 2 étapes :

1ère étape : faire l’état des lieux, établir un diagnostic

Il s’agit de comprendre et de déterminer avec le patient adolescent ce qui est problématique dans sa relation et son mode de consommation face aux écrans.

Cela passe entre autres par une évaluation objective de cette relation, en faisant la part des choses entre la nécessité, le plaisir, la distraction,…

Le rôle du thérapeute est ici de déculpabiliser le jeune patient et de permettre un état des lieux sincère en levant les barrières de la dissimulation. Il s’agit de lui expliquer qu’il s’agit davantage d’un conditionnement, d’un mauvais positionnement avec les écrans que d’une addiction (et que cela se défait bien plus rapidement qu’une addiction si on la traite sérieusement).

Le cyberaddictologue va ensuite aider le patient adolescent à faire les liens entre ses troubles scolaires , familiaux et sociaux et sa relation aux écrans . Il va lui faire identifier ce qui a permis que l’addiction aux écrans s’installe dans sa vie : circonstances personnelles, scolaires, événements subis, fragilité, mal-être… et qui a fait que l’utilisation excessive puisse s’être imposée comme une solution (et comment d’une solution, elle est devenue un problème).

Il va également aider l’adolescent à repérer les signes avant-coureurs du moment où il a basculé dans la dépendance.

2nde étape : reconstruire une relation non addictive avec les écrans

Dans une époque ou la technologie numérique est incontournable et grandissante, l’objectif n’est pas d’en priver l’adolescent dans son utilisation. L’outil numérique est incroyablement riche et offre de véritables outils pédagogiques, culturels et d’apprentissages en tous genres.

Il s’agit de convenir ensemble d’un objectif qui n’est pas nécessairement un sevrage radical, mais plutôt une régulation en vue d’une utilisation non addictive, afin que l’adolescent exploite et domine son outil numérique et non qu’il soit dominé. C’est un peu comme en matière alimentaire, lui apprendre à faire la part entre la « mal bouffe » et le « manger sain ».

Le cyberaddictologue, grâce à des techniques comportementales, va guider son jeune patient dans une reprogrammation de son usage en fonction des besoins qui auront été clairement identifiés au préalable. L’adolescent apprendra à s’auto-évaluer puis à se réguler en fonction non seulement de ses besoins scolaires et sociaux mais aussi de ses distractions.

Il s’en suit un véritable accompagnement suivi dans un processus progressif de sevrage et d’établissement d’un nouveau comportement non pathologique durable.

Dans certains cas, le praticien pourra proposer et mettre en place une thérapie classique complémentaire afin de traiter les problèmes sources, les difficultés, le mal-être, les conflits qui ont fragilisé l’adolescent et ont entraîné son basculement dans la dépendance.

Il est aussi important de recevoir les parents afin de leur proposer des conseils pratiques sur la manière d’accompagner leur enfant dans cette thérapie

Quels bénéfices attendre d’une thérapie de cyberaddictologie pour un enfant ?

La thérapie doit être pratiquée par un psychothérapeute spécialisé.

Le spécialiste va apporter à son patient un grand nombre de bienfaits :

  • Une déculpabilisation de la situation de dépendance dans laquelle il se trouve
  • La compréhension des mécanismes de sa dépendance
  • Des méthodes pratiques pour sortir de cette dépendance
  • Un accompagnement suivi pour appliquer durablement ces méthodes
  • Un accompagnement parental
  • Des outils pour prévenir une potentielle rechute

Vous craignez que votre enfant soit sujet à une dépendance aux écrans et vous souhaitez entreprendre une démarche ou simplement en savoir plus ?

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