Cyberaddictologie.fr
Karine de Leusse, psychothérapeute à Paris, spécialiste des dépendances aux écrans
Ordinateurs, tablettes, téléphones, consoles de jeux, montres connectées, ... Les écrans ont changé la vie de tous, petits et grands. Souvent pour le meilleur ... mais parfois pour le pire.
Car comme pour toute chose, l’abus d’usage est nocif et si nous finissons par devenir vraiment « accro », « addict », alors nous sommes en danger. Le phénomène de dépendance aux écrans provoque, entre autres choses, des difficultés de concentration, une angoisse de la privation, voire de l’agressivité et de l’isolement.
Ce phénomène touche de plus en plus d’enfants et d’ados, mais les adultes aussi sont concernés. Pour tous, l’entourage doit jouer un rôle clé : celui de détecter cette cyberaddiction et de ne pas la laisser s’enraciner chez sa victime. La dépendance aux écrans est heureusement une pathologie qui se soigne.
Cyberaddiction chez les enfants
Notre époque digitalisée offre à l’enfant la possibilité de pénétrer des univers extraordinaires, dans lesquels il est celui qui décide, qui dirige, le magicien qui a tous les pouvoirs.
Mais l’enfant n’a pas la maturité pour se restreindre alors qu’il est emporté par le jeu et les images.
Ses parents peuvent de leur côté avoir des difficultés à réguler son utilisation des écrans (d’autant plus qu’ils sont eux même beaucoup sur leur téléphone et ordinateur !).
Les écrans sont devenus des « baby sitters » qui canalisent, réconfortent, occupent les enfants de façon très efficace. On sait que lorsqu’ils sont devant un écran, ils sont calmes et ne font pas de bêtises tant ils sont fascinés et occupés.
Il est pourtant crucial d’être vigilant sur l’utilisation des écrans chez son enfant et de repérer les changements de comportement qui pourraient indiquer une cyberdépendance nuisible à son développement affectif, social et scolaire.
Cyberaddiction chez les ados
Nos adolescents d’aujourd’hui vivent au quotidien avec des écrans et des technologies connectées à tous leurs environnements.
Selon une récente étude sur la responsabilité numérique, les jeunes de 13 à 19 ans passent en moyenne plus de 15 heures par semaine sur Internet (autant dire beaucoup plus chez certains !)
L’innocente distraction du départ peut se transformer en véritable sidération numérique. C’est alors que la dépendance s’installe. Une dépendance qui s’alimente parfois de contenus violents d’une intensité que l’adolescent a du mal à gérer.
Cela peut entraîner alors des perturbations de comportements inquiétantes que les parents vont devoir repérer afin de retrouver une régulation vitale pour l’équilibre psychique de leur enfant, encore fragile et en construction.
Cyberaddiction chez les adultes
La cyberdépendance touche également les « grands ». Libérés de la surveillance de parents, de nombreux adultes glissent progressivement dans une relation de captivité vis-à-vis de leur smartphone ou de leur ordinateur.
Le temps passé devant les écrans, pour le travail ou la détente, s’allonge et devient problématique lorsqu’il prend le pas sur les relations professionnelles, conjugales voire familiales.
Souvent minimisée, cette dépendance peut pourtant avoir, à terme, des effets nocifs voire dévastateurs sur la santé, le couple ou sur la carrière de l’adulte « cyberaddict ».